La ville de Paris est, sans doute, plein de petits secrets historiques encrés à des endroits capables de transporter le visiteur dans une ambiance des vies des autres époques.
Au 9ème arrondissement, le regard des passants s’arrête plusieurs fois autour du périmètre entre Saint Lazare et Notre-Dame-de-Lorette ainsi qu’au square d’Orléans. La raison ? L’architecture majestueuse et dominante de certains bâtiments qui le composent. Il s’agit du quartier méconnu de la Nouvelle Athènes!
L’histoire derrière ces joyaux antiquisants commence au début du 19ème siècle avec la construction des hôtels exceptionnels par des architectes, formés par l’Ecole des Beaux Arts, qui s’inspirent du néo-classicisme, de la Renaissance et des motifs de l’antiquité.
En réalité, on retrouve des éléments grecs anciens tirés par la tradition et la mythologie pour deux raisons principales. D’une part, à cause du mouvement du Romantisme qui à cette époque-là était populaire, surtout pour les artistes et, d’autre part, à cause d’un événement très inspirant qui s’est passé dans un pays qui était en train de se battre pour se renaitre ; la Guerre de l’Independence Grecque (1821).
Nouvelle Athènes commence, alors, à se former grâce à l’architecte d’Auguste Constantin et le nom de ce joli quartier a été donné par le poète Dureau de la Malle, au journal des Débats.
D’ailleurs, l’église Notre-Dame-de-Lorette a été rebâtie, en 1823, sur les principes du style néoclassique, ressemblante à un temple hellénique. Un siècle plus tard, prés de la rue Saint-Georges, l’église orthodoxe grecque de Saints Constantin-et-Hélène a été construite.
Ce berceau de Romantisme était, donc, habité par de grands artistes, écrivains musiciens, acteurs et d’autres personnalités intellectuels, connus pour leur philhellénisme.
Parmi eux, Eugène Delacroix, a créé les «Massacres de Scio» et «La Grèce sur les ruines de Missolonghi», deux tableaux de peinture qui rendent hommage aux révolutionnaires grecs.
Victor Hugo, qui a aussi demeuré de 1844 jusqu’à 1857 dans la rue Notre-Dame-de-Lorette, était très connu pour ses sentiments solidaires envers le peuple grec surtout via son soutien littéraire et poétique.
Dans la rue Chaptal a vécu, un de plus importants compositeurs et architectes franco-grecs du 20ème siècle, Iannis Xenakis. Son héritage est important puisque il fut le premier Européen à utiliser un ordinateur pour composer de la musique. Il a aussi appliqué des théories de mathématiques afin de construire des masses sonores et créer de la musique stochastique.
Pour ceux qui désirent apprendre plus sur la vie de l’époque du Romantisme deux endroits exceptionnels la rappeler : L’hôtel Gustave Moreau et le Musée de la Vie Romantique.
Le deuxième fut la résidence du célèbre peintre Ary Scheffer (1795-1858) lequel avait l’habitude d’organiser des rencontres hebdomadaires avec des personnalités bohèmes comme Frédéric Chopin, George Sand, Alexandre Dumas et tous les grands noms du mouvement Romantique.
Scheffer est également connu pour son œuvre « Les femmes souliotes décident de se jeter du haut des rochers » (1827) qui se trouve actuellement dans l’exposition permanente du musée du Louvre et qui constitue un hommage aux femmes grecques de Souli (région d’Epire) qui ont préférées se suicider en tenant leurs enfants dans les bras au lieu de céder à l’esclavage ottomane.
Certes, il y a plein d’anecdotes à raconter sur la Nouvelle Athènes « parisienne » mais le plus important est que cet endroit reste mythique et insolite pour tous les admirateurs des arts, de l’architecture, de l’histoire parisienne et des idées révolutionnaires. Le paradoxe même est que dans ce quartier d’une beauté néo-classique, ils étaient installés, en 19ème siècle, des personnes en avance de leur époque pour coexister dans une harmonie réussie à travers des éléments opposés et complémentaires.
Despina Manesi
Institut Hellénique de la Diplomatie Culturelle de PARIS